Retour sur festival #2

ITW des réalisatrices-eurs qui sont passé-e-s par « La Première Fois » 
Actualité du film et de la réalisatrice Avril Besson
Le film continue son voyage en festivals. Pour l’instant, il a été montré en France, mais aussi en Bosnie, Serbie, Egypte… Je suis bien sûre ravie pour le film, mais aussi de voir que les questions qu’il traitent trouvent un accueil à l’étranger. Concernant mon « actu », je travaille actuellement avec Jean-Gabriel Périot sur son premier long métrage, un film d’archives exclusivement sur la bande à Baader. Un magnifique projet ! Sinon, je suis en préparation d’une fiction que je vais tourner en juillet. Et puis j’écris. J’aurai peut-être des vacances en janvier 2015…

Questions élaborées avec Julien Gimenez, élève option cinéma audiovisuel, en seconde au lycée Cézanne :
 
Le point fort du film Adela est la proximité avec le personnage central du film. Comment l’as-tu rencontrée? Quelles ont été les étapes de ton travail pour arriver à ce résultat? 
J’ai d’abord rencontré le lieu, le bidonville de la N7, par le biais du PEROU, une association qui travaillait sur le terrain. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’un lien s’est créé avec Adela. Lorsque j’ai décidé de travailler au bidonville, je savais que j’avais réellement envie de faire un portrait, mais je ne savais pas encore si j’arriverai à le faire.  J’ai commencé par me lier d’amitié avec les enfants, qui sont tout de suite chaleureux et peu méfiants, et c’est par les enfants que j’ai rencontré les adultes. Adela et moi nous retrouvions sur beaucoup de choses, des points de vue sur la situation, mais aussi des traits de caractère. Il y a eu une certaine évidence dans notre rencontre, et très vite, nous avons été amies, bien au-delà du film.
 
Ton regard se focalise sur les gestes et la parole du quotidien de cette famille, avant la scène finale. Quel a été ton point de départ, ta volonté première?
Je pense que je souhaitais vraiment « attaquer » la question du point de vue de l’humain. Instinctivement, j’avais l’impression que les journalistes faisaient déjà le travail de rendre compte de la situation « objective » du lieu et de ses habitants. Mon travail de cinéaste, s’il devait y en avoir un, ne pouvait que se situer dans la subjectivité. J’ai choisi le point de vue subjectif d’Adela, mais il y a mille autre manières de le faire. C’est vrai que la relation d’amitié correspond plus à ce que je cherche en général lorsque j’arrive dans un terrain inconnu, que ce soit en voyage à l’étranger, ou dans le travail.
J’ai donc essayé de faire partager par le film un petit bout de la vie d’Adela, en n’étant absolument pas exhaustive, ce n’était pas le propos, mais en tentant de filmer cet intime qui m’avait émue chez cette femme et au sein de sa famille.
 
Tu sembles affirmer tout le long du film des envies de cinéma en donnant à tes scènes un traitement presque fictionnel. Avais tu des films en tête en réalisant Adela? Des inspirations, des influences?
Pas vraiment. c’était la première fois que je réalisais un documentaire, et je pense que j’ai inventé ma façon de faire au moment où je le tournais. Je pense que le film s’est beaucoup imposé à moi. Par exemple, j’avais en tête l’envie de ne pas apparaître du tout dans le film, à l’image ou au son. Très rapidement, ma relation avec Adela s’est construite sous la forme d’échanges, de conversations, et ma voix s’est donc imposée dans le film. Ce n’est jamais agréable de s’entendre, mais me couper au montage impliquait de couper les échanges que j’avais avec elle, et donc la couper elle. Je pense qu’il faut aussi parfois renoncer à des envies si le réel nous l’impose. Bien sûr, nous avions beaucoup discuté avec Julia Mingo (directrice de la photographie) des envies de cadre et d’image. Je voulais vraiment rendre l’atmosphère chaleureuse et douce qu’il y avait chez Adela, et rester le plus possible très proche de son visage. Je la trouvais tout simplement belle, et j’avais envie de la filmer elle. Ce fut d’ailleurs la déception pour la dernière séquence, que j’aurai souhaité beaucoup plus proche d Adela, mais le matériel dont nous disposions ce jour-là ne nous le permettait pas.