Rosine Mbakam

Cette année, nous mettons à l’honneur le cinéma de Rosine Mbakam en parcourant deux extrémités de sa filmographie : sa dernière fiction, Mambar Pierrette (2023), et son premier long-métrage documentaire Les deux visages d’une femme Bamiléké (2016).

Ces portraits de femmes entre la Belgique et le Cameroun, tirent les fils d’histoires intimement liées aux régimes de colonialité. En interrogeant sans cesse les rapports de pouvoir qui construisent le cinéma, Rosine Mbakam nous engage à déplacer nos regards et nos manières de « faire récit ».

“Il est difficile de raconter l’Afrique aujourd’hui sans parler de souffrance, et ce serait absurde, puisque c’est le quotidien des gens. Mais je n’ai pas le regard exotique de quelqu’un qui, ne s’étant pas construit dans cette réalité, va s’en émouvoir. C’est cette représentation qui a souvent été faite par l’Occident pour que les spectateurs évitent de se poser les bonnes questions. Quand on montre les gens dans une certaine dignité, on crée un rapprochement avec eux, et la discussion se déplace : l’enjeu n’est pas de déterminer comment on va les aider, mais pourquoi une telle situation existe.”
Les Cahiers du Cinéma, Propos recueillis par Olivia Cooper-Hadjian, le 8 décembre 2024